Quelques lunes plus tard, on retrouve le jeune homme autour d'un feu, entouré par les brutes du Corpus. La nuit pleine d'étoile est silencieuse. Les hommes aussi, fatigués par une longue marche d'entrainement dans le désert. Suivre le vieux Cazaril n'est pas une chose facile, malgré son âge, il semble voler lorsqu'il marche au sommet des dunes.
Au bout d'un moment, tout le monde sommeille autour du feu. On entend au loin les bruits de la cité, les cris des piliers de bar, le bruit des artisans qui jamais ne cessent de fabriquer leurs arcs.
Cazaril fait alors un signe discret à Greum-Greum et à Sy-Ghud. Il se lève en silence, s'approchant dans le dos de Skaba. Il regarde le jeune homme, puis secoue sa tête de dépis.
Gamin, j't'avais prévenu. T'as fait une conn'rie de trop. J'crois qu't'as pas compris comment fonctionnait notre p'tit groupe. T'as jamais cherché à comprendre. Et tu comprendras p'têtre jamais. Nous sommes soudés et unis, solitaires et isolés. Fraternels et plein de haine.
Il se rapproche encore du jeune homme assoupi. Ses mains expertes, usées comme des serres, se rapprochent de son cou. Elles commencent à serrer avec vigueur, arrachant un petit cri étouffé à Skaba. Greum-Greum et Sy-Ghud observent la scène avec intérêt. Le jeune homme se débat. Puis, très rapidement, son corps se raidit. Il est mort.
Voilà c'qu'y s'passe quand on trahit l'Corpus, gamin. J'espère juste que quand tu s'ras dans son giron, là-haut, et qu'il te questionn'ra sur ta vie d'ici, oublie pas la leçon que le vieux Cazaril viens de t'offrir. Et qu'tu referas pas les mêmes erreurs.