Cuite

Le soleil était couché depuis longtemps quand Josep s'assit en haut de l'échelle du mirador, les pieds dans le vide. Un cure dent dans la bouche et une bouteille de gnôle aux deux tiers vide dans la main, il jetait un regard las sur la ville. Elle avait grandi depuis son arrivée et la première fois qu'il l'avait contemplée de son perchoir. Il n'avait pas prévu de penser à ça, il voulait juste fêter son anniversaire. Enfin l'anniversaire de son arrivée ici. Un an qu'il était là, et personne même pas lui ne s'en était souvenu. Il lui avait fallu plusieurs lunes pour s'en rendre compte. La première fois, il n'y avait pas tant de bâtiments, pas de mur d'enceinte, pas tant de tombes...
Ils avaient fait la fête en arrivant, heureux d'en avoir fini avec leur voyage dans la poussière du désert. Cette nuit là lui semblait loin à présent, les visages rieur aussi.
Une fois encore il se laissait aller à penser à ses amis perdus, comme le ressac sur la plage, ces pensées revenait toujours s'échouer sur son esprit. La bouteille fis un aller retour jusqu'à sa bouche. Puis un autre. Il ferma les yeux savourant l'alcool qu'il gardait sur sa langue puis l'avala. Pendant quelques instants, son esprit flotta, vide, puis les visages revinrent. Ceux de Renaissance bien sur, mais d'autres de Tombstone aussi. Pour la grande majorité, leurs noms étaient gravé au Fond du Trou. Une autre lampée. Il fit le compte de ceux qu'il connaissait depuis cette époque. A chacun il abaissa un doigt. Il fut surpris de devoir poser sa bouteille. Neuf, il ne restait que neuf personnes qui avaient participé à cette fête. Trois de Renaissance. Et encore ils ne sont plus tous là. Cette gorgée là se fit plus longue et le cure dent rebondis sur un barreau avant de s'échouer sur le sable. Il chercha ses visages familier mais dans l'obscurité et malgré les quelques feus, il ne distingua personne. De toute façon ils devaient tous dormir. Alors qu'il rouvrit ses main pour regarder les neufs doigts qui comptaient ceux de l'époque il fit la moue, qu'est ce qui lui prouvait qu'ils étaient encore neuf. Ca faisait des lunes que Sy ghud était parti quant à Hugo, rien ne prouvait qu'il était encore vivant même s'il était un nomade que n'aurait pas renié le vieux Cazaril.

A la tienne Caz j'espère que t'es bien dans le corpus. Et qu't'y est pas tout seul.

La bouteille rencontra le plancher avec un peu trop de vigueur, l'alcool commençait à faire effet. Youenn était coincé au Passage, encore un qu'il n'était pas sûr de revoir. Dix. Onze. Douze. Il sourit. Il y'en avait d'autres au Passage qu'il connaissait de cette époque ; Toubib, Kramer, et Doc aussi, qu'ils avaient ramassé sur le chemin de Tombstone. Mais sous ses yeux, de l'autre côté de l'enceinte les tombes de tant d'autres le ramenèrent à la réalité. L'alcool et ses sombres pensées se combinaient parfaitement à se moment là pour le faire déprimer. Le niveau de là bouteille baissa encore avant qu'il rouvre les yeux. Le visage de Talia passa dans son esprit, elle riait, « Si tu veux des responsabilités, t'auras qu'à t'arranger pour en avoir à Tombstone ». Lui était incapable de se rappeler ce qu'il avait répondu. Une connerie sans doutes. Il se mit à parler à haute voix, tout seul.

Tu vois princesse, j'en ai des responsabilités maintenant... Et pour quoi faire ? Hein tu peux me le dire ? TU PEUX ME LE DIRE ? Pour quoi faire...

Le jeune homme repris une rasade de gnôle. Il avait monté une compote de Maxine, comme un souvenir de la fête car ce jour là il en avait mangé plus qu'à son tour. Il la mangea non sans en faire tomber dans le sable. Il avait du mal à suivre le fil de ses propres pensées, mais le goût était toujours aussi agréable.

Putain de désert...

La dernière goûte atteignit sa langue. Il jeta la bouteille au loin, mais elle atterri mollement sur le sable, intacte. Objet insignifiant ,comme lui, qui survivait au désert, comme lui... Pour l'instant. Tous ceux qui étaient morts, tous étaient plus fort que lui, plus doués que lui, mais lui il vivait toujours. Pas qu'il souhaite mourir, mais il ne comprenait la logique derrière tout ça, si tant était qu'il y en avait une.


Putain de désert...

Maudit sois tu.

Ouais...

Tu m'entends ? Maudit soit tu !

Il attendit une réponse qui ne vint évidemment pas et s'écroula sur le plancher, les pieds dans le vide.